L’expérience Boondockers Welcome ou la peur de notre vie

Temps de lecture : 7 min

Je vous préviens, cet article est long. Il s’en est passé pas mal de choses…

En fin de semaine nous entamions notre première destination avec Boondockers Welcome (https://www.boondockerswelcome.com). Qu’est-ce que c’est ? C’est une entreprise aux USA qui offre, par l’entremise d’hôtes, des endroits pour dormir. Contrairement à Terego, ce n’est pas associé à de l’agrotourisme, mais associé à des passionnés, qui comprennent les besoins de Vanlifers.

Nous n’aimons pas beaucoup aller du côté nord du fleuve, il y a toujours de la congestion, que ce soit sur les autoroutes ou les ponts. Mais on veut aller dans la région de l’Outaouais, Niagara, etc., donc on a trouvé, pas très loin en Ontario, un peu après Hawkesbury, un petit village nommé Alfred. Notre but étant de faire du paddle, on trouve un petit paradis, sur le bord de l’eau.

C’est la longue fin de semaine, malgré que nous ayons 4 jours de congés, pas Louise, elle en a toujours 4, on décide de partir pour 3 jours seulement. On part vendredi matin, après le gros du trafic.

Bon, je refais ma phrase, malgré le fait qu’on part APRÈS l’heure de pointe, on part dans le gros trafic : Champlain, complètement bouché, la 20, complètement bouché. Une chance que c’est Zen être dans Dechinta. L’essence est à 2.17. à 50l au 100km, je vais devoir mettre de l’essence l’autre bord du pont.

Anyway, rendu en Ontario, c’est plus calme. On arrive à Hawkesbury, ça me rappelle des souvenirs du temps où je travaillais chez PPG sur un projet d’élévateur. On voit un LCBO, go, vite on doit acheter du Bandol (vin rosé de Provence). Y’en a pas… On prend alors un rosé du Niagara, quelques bières, et on repart.

Une vingtaine de minute plus tard, on arrive à destination. On n’y croit pas trop, c’est entre deux granges, c’est un peu, disons, « laissé aller ». Notre hôte est gentil Shaun, et sa conjointe Sylvie l’est tout autant. On est seul, l’eau n’est pas loin, on va apprivoiser. Il fait chaud, très chaud. On commence à manger en arrière du camion, on cherche de l’ombre. Première constatation, il y a beaucoup de vie, beaucoup d’oiseaux, partout. C’est très agréable.

On écoute les bruits, c’est beau. Contrairement à l’habitude, on n’écoute pas la musique, on écoute la nature. On se tape notre sieste réparatrice, notre power nap (depuis l’âge de 25 ans que je fais ça, c’est génial). On va se promener un petit peu.

Finalement pas loin, on fait le tour rapidement. Il y a plein de stock, de carcasses de Seadoo, motoneige, auto, ultra léger sur le terrain. On apprend que Shaun vend des pièces de véhicules antiques (vintage), c’est une infime partie de son inventaire extérieur. Il parait qu’il a un lot de pièces antiques. C’est très populaire.

Dommage, il vente beaucoup, trop pour le Drone, et trop pour le SUP.

Vient le souper, encore en arrière du van, et wow… toujours la nature. Un renard qui vient vers nous. Les oiseaux qui chantent à tue-tête, se battent. Les hirondelles qui mangent les insectes au vol. Un gros rat qui se promène de grange en grange. C’est vraiment beau. C’est certain, nous, on aime la nature, pour d’autres ce serait ennuyant. Toujours impressionnés, nous n’écoutons pas la musique. Pour ceux qui nous connaissent, il y a TOUJOURS de la musique chez nous. TOUJOURS. Alors, c’est exceptionnel, on est aux petits oiseaux.

Mr. Whitetown va faire ses activités préférées, et là, on met de la musique, pas trop fort, on veut entendre la nature. Très peu d’internet, pas d’ordi, pas d’iPad. Cet endroit nous déboussole.

Samedi matin, la nuit a été pénible. Nous n’avons pas fait la chasse aux moustiques avant de se mettre au lit, alors eux ils ont chassé en masse. Est-ce que ça compte pour les donneurs de sang ? Anyway, ce matin, on va faire du SUP. Il annonce des orages, donc, on en profite, c’est beau.

On s’habille, en wet, et on décide d’aller vers le petit pont, face au vent. Si on est fatigué, ben le vent va nous ramener. On se met à l’eau dans les roseaux, c’est boueux, on ne regrette pas notre wet. On avance sur l’eau, maudit que c’est beau. L’eau est très brune, c’est dû à l’argile dans l’eau. On va dans des criques, on voit d’énormes carpes. On remonte le courant. De la vie, il y en a. C’est beau c’est sinueux. C’est bien simple, quand tu rêves de faire du canot, du kayak, ou du SUP, et de voir des plans d’eau invitants, ben c’est là-dessus que nous naviguons.

Fait cocasse, on passe sous le pont, où bien sûr, il y a des nids d’hirondelles, mais ce qui est drôle, c’est que dans les fils électriques, au-dessus du pont, il y a plein d’articles de pêche. Des flottes, des hameçons, des appâts, pris dans le fil. Et c’est très haut, ils sont drôles les pêcheurs…

On entend le bruit d’animaux qui se jettent à l’eau lorsque nous sommes près. Les roseaux bougent, on regarde et tente de voir la bête, ce sont des carpes qui nagent près des grenouilles. Il y a des oiseaux dans leur nids dans les roseaux, des chants variés, c’est le paradis, je vous le dis.

On continue à remonter le courant, et tout d’un coup je vois ce que je crois être des émeus. On y va, on va les voir de près. Louise les voit aussi. Arrivé, rien. Ce n’étaient pas des oies, ni des dindes sauvages. C’était gros avec un long cou. On apprendra plus tard que c’étaient des grues canadiennes, et que c’est anormal qu’elles soient si à l’est. Le vent a dû les amener plus à l’est lors de leur remontée vers le nord. Tu peux en voir une fois par 10 ans. On est chanceux. On retourne, il fait chaud, on est trempé de sueur, nous n’avons presque plus d’eau.

Retour au port, on a fait peur à un gros héron bleu. Encore de la vie. Ce fut 2 heures de pur bonheur. On sort de l’eau à un endroit différent, moins de vase, et on s’occupe de laver nos wets et les paddle. Honnêtement, un gros gaspillage d’eau. On a vidé la moitié de notre réservoir à faire ça. On n’a pas pensé plus loin que notre nez.

On fait sécher le tout, prend un bon repas, et on range. On doit se dépêcher avant la pluie, ou les orages.

Météomedia envoie des alertes d’orages violents, avec de la grêle de la grosseur d’une balle de golf. On est un peu inquiet, notre Dechinta… Bon ça ne sera pas si pire.

On reçoit une alerte sonore. On pense que c’est une alerte Amber, ben non, alerte Météo avec risque de tornade. Ben là ça devient sérieux.

On regarde le radar, c’est laid. Nous sommes dans le pire parcours. On regarde si je peux descendre au sud, pas le temps. J’envoie un texto à nos hôtes, pour nous déplacer dans leur entrée. Elle est longue, au moins 300 mètres. Le vent vient du sud-ouest, il n’y a pas de grange de ce côté contrairement à l’endroit où nous étions. Moins de débris potentiels s’il y a une tornade.

Ils nous invitent à aller à l’intérieur, mais pas besoin. Shaun vient à notre rencontre, on discute de l’endroit où je peux me stationner si la grêle est trop grosse. Il me montre une autre grange. Je vais rester pris si je vais là, il me dit qu’en 5 minutes il me sortira de là. Il me montre aussi un abri, sous la terre, si on a un problème plus sérieux.

Je me stationne de côté, en arrière de petits arbres, pour faire un bouclier.

On reçoit une seconde alerte (on va l’appeler rouge). On n’a jamais vu ça. Ça dit de se mettre à l’abri immédiatement. Ben voyons, ils y vont un peu fort Environnement Canada.

Ça part…… Mais c’est quoi ça ? Le camion est barouetté. Le vent est très fort, on craint de tomber sur le côté, Louise me suggère (m’ordonne) de me stationner de face, je m’exécute. Mais je dois avoir une voie rapide de sortie, je ne peux pas être perpendiculaire à la route. Ça souffle, c’est écœurant. On a mal au cœur, on a peur, je prends un film (après l’avoir regardé, je me rends compte que j’étais figé à un seul endroit). On espère que les petits arbres de partiront pas. On regarde le radar, on regarde le radar, on regarde le radar, on attend la fin. Des vents de plus de 130km, c’est spectaculaire. Le moteur de Dechinta tourne, je dois être prêt à quitter.

Cliquez la photo ci-dessous pour voir le video

Une seconde vague de vent arrive. Moins pire, mais tout aussi inquiétante. On ne pense même plus au paradis où nous étions ce matin, on capote. Finalement, ça se calme. Je remarque sur le radar que c’est terminé. Mais quelle frousse. Nos hôtes nous demandent si ça va, on leur répond oui, et c’est l’Happy Hour.

Ils sont gentils. Shaun va faire le tour du proprio pendant qu’on commence le rosé du Niagara acheté au LCBO. Ils n’ont plus d’électricité. On parle de tout et de rien, de notre expérience (20 minutes max) traumatisante. Shaun revient, il y a des arbres par terre. La grange où nous étions stationnés a bien tenu. L’endroit où nous aurions pu aller nous cacher a littéralement bougé de 2 pieds.

J’aurais eu beaucoup de dommage si nous nous étions abrités dans cette grange. On regarde les nouvelles sur FB, on voit les poteaux électriques par terre, le gars qui regarde ses vidanges passer (on le voit sur la Presse, c’était un gars du village voisin). Il y a beaucoup de dégâts dans la région.

Après l’apéro, on retourne à notre spot. Il y a des branches EXACTEMENT où nous étions stationnés. On a fait un crisse de bon move. Les granges ont tenu, mais arbres par terre, branches qui ont volé, ce n’était pas drôle. Nous, nous n’avons aucun dommage.

On prend un bon petit souper, on est encore sous le choc, on n’en revient tout simplement pas. On se demande que s’est-il passé à la maison ? On entend les oiseaux qui chantent, mais qu’est-il arrivé aux nids ? Il n’y a pas de moustiques, c’est l’œuvre des vents.

On tombe endormi, épuisé…

Dimanche matin, on retourne à la maison. On écoute les nouvelles, on regarde les dégâts, c’est triste. On rencontre au moins 20 camions de HQ et d’émondeurs qui viennent rétablir l’électricité dans la région. On voit des arbres géants couchés par terre. Quel désastre. Et, à quelques km au sud d’où nous étions, RIEN. Une chance que nous n’ayons pas eu de dommages, je m’en serais voulu. Aller vers de sud faisait partie de nos plans. La prochaine fois, nous partirons. Même si c’est pour une petite heure, on part.

Au retour, on passe par les Coteaux, voir Marielle. Ça fait tellement longtemps qu’on ne l’a pas vu. On se remémore quelques souvenirs. Plusieurs personnes ont quitté, d’autres sont décédées. Que de beaux souvenirs, nous avons été là, avec notre voilier O’rizon, 14 ans. Un superbe 14 ans de bonheur. On réalise qu’on a connu le meilleur des lieux. Ce n’est pas drôle maintenant, l’endroit est envahi par les jeunes, avec régulièrement de la musique jusqu’à 2 heures du matin et beaucoup de vandalisme.

Conclusion, on est-tu chanceux ? Proverbe familial Petit…

Autre événement, une première pour nous, utilisation d’un poste de vidange gratuit à Valleyfield. Vider eaux grises, vider la toilette, remplir la toilette, en 15 minutes. Maudit que c’est facile l’été…

Cette semaine, tournage d’une pub avec Dechinta… à suivre.

One comment

  1. OMG!!! Quelle aventure!!! Je suis vraiment heureuse que vous n’ayez rien! On est vraiment chanceux!!!!

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