Les secrets de l’érableTemps de lecture 19 min

Ça fait un bon moment que nous ne sommes pas sortis. Au risque de me répéter, c’est un moment de l’année qu’on aime moins. Il n’y a plus de sports d’hiver, il n’y a plus de sentiers de marche d’ouvert (principalement en montagne) et les pistes de vélos de montagne sont aussi fermées. Donc on ne sort pas, on se tape des séries à la télé.

Jeudi soir dernier, 3 vans (Pascale et Martin, Natacha et Gabriel, nous) de la Clique, qui ne demeurent pas trop loin les uns des autres, se cherchent une activité à faire, et surtout sortir en van. Beaucoup de bonnes idées font surface, mais en même temps, les endroits sont fermés, ou encore, il n’y a pas de spots dodo.

La cabane à sucre revient de temps à autre, mais pour une raison que j’ignore, ça ne fonctionne pas. 

Mais, je ne sais pas ce qui a frappé Martin, ça devait être assez solide en tout cas, il nous dit, “Heille, on pourrait aller aider une amie à sa cabane à sucre. Elle a sûrement besoin de bras”. On saute tous sur l’occasion, on va dans un cabane. On ne sais pas si on peut, il demande à son amie France. Décision prise, nous sommes les bienvenus.

L’excitation à son comble, on s’en va donner un coup de main à la cabane à sucre, faire de la van et faire du boondocking. Des ados… je te dis, on est des ados.

Préparatifs, pis on part vendredi PM. On apprend, entre temps, que c’est la fin de la saison des sucres. Ben oui, déjà, en plus, il n’y aura rien à faire. Mais quoi qu’il en soit, on offrira nos bras ainsi que nos papilles gustatives pour le bien être de la cabane.

Le spot dodo le plus tranquille

La destination du vendredi se nomme Saint-Pierre-Les-Becquets. Ce n’est pas très loin du parc de la rivière, Gentilly, qu’on visite régulièrement. Le spot dodo se trouve à côté du presbytère. Ce que je ne m’attendais pas, c’est qu’il est aussi à côté du cimetière; ce sera donc très calme cette nuit. En prime, nous avons une superbe vue sur le fleuve Saint-Laurent. S’il n’y avait pas un presbytère, une église et un cimetière sur ce terrain, c’est certain qu’il y aurait des grosses maisons à cet emplacement. C’est vraiment sublime comme endroit. On arrive là les premiers, il y a une affiche avec les règlements c’est vraiment fantastique. Il y a de la place pour quatre VR et le stationnement est tout de même très grand. Les vans arrivent une après l’autre, un peu de jasette, une petite marche jusqu’au quai municipal qui est fermé pour l’hiver et on retourne au stationnement pour y passer la nuit. Demain on sera à la fameuse cabane à sucre.

Cabane à sucre, nous y voilà

La route du 4 X 4

Avant de quitter, un petit retour sur la nuit d’hier. Comme je l’avais pensé, la nuit a été très tranquille, c’était aussi mort que dans le cimetière d’à côté. Tout ça pour dire que nous avons très bien dormi. Petit déjeuner terminé et ablutions faites, c’est un départ. Il est important de mentionner que l’endroit où nous allons, n’est pas une cabane à sucre commerciale. J’ai demandé s’il ‘était nécessaire que le véhicule soit un 4 X 4 pour s’y rendre, on m’a répondu par la négative. Honnêtement, j’ai quand même une petite crainte.

Lorsqu’il est temps de tourner pour se rendre à la cabane par un chemin de terre affreux, j’hésite. Martin est en avant, je le regarde aller, et je ne m’empresse pas de le suivre, tout d’un coup que c’est la mauvaise route. Il avance de plus en plus, il semble certain de son coup, alors j’y vais. 

Une petite note avant de poursuivre le récit de la route : vendredi lorsque nous nous dirigeons à notre premier spot, la route 226 était fermée à un endroit et nous devions absolument prendre un détour.  Le détour proposé était comme une planche à laver sur un chemin de terre. J’ai dit, il n’en n’est pas question, ça ne me tente pas! On a pas mal été gâté en Floride.

Donc, revenons à la route. C’est l’enfer. C’est plein de trous, de bosses, de boues, et nous sommes en Promaster, c’est à dire que c’est une traction avant qui ne “tractionne” pas dans la boue. On se promène, de part et d’autre du chemin, pour éviter d’accrocher le dessous de la van. Finalement, un beau bruit de frottement, j’ai petté quoi ? Il n’est même pas question de s’arrêter et de regarder, je n’ai pas envie de rester pris. Pis si c’est petté, ben c’est petté. On regardera ça plus tard.

Une éternité plus loin, (500 mètres) on apprend que c’est encore plus loin. Ouf la route se poursuit, mais c’est beaucoup mieux. Quelques trous, mais rien qui est inquiétant. On apprendra plus tard la raison pour laquelle le chemin est dans un si piètre état, c’est que la première cabane à sucre transporte beaucoup d’eau d’érable, et c’est très lourd. Et tout cas. 

En arrière de nous, Gabriel et Natacha, avec leur Mercedes, roulent très très doucement. Je ne comprends pas pourquoi. La garde au sol est meilleure, la traction (propulsion) est meilleure, envoye avance. Finalement, c’est parce que des pommes se promenaient dans les armoires. Ils ne voulaient pas les abimer… Hé ben…

On est arrivé!

Arrivés à la grosse cabane, je vais évaluer les dégâts. Le marchepied a mangé le coup. Les supports sont croches. Si ça avait été un marchepied électrique, comme on voit de temps en temps, dans certains Van tours, ça aurait été sa dernière utilisation.

La cabane, non, la ferme acéricole

Ce n’est pas une cabane à sucre traditionnelle, avec repas, oreilles de Christ et tout ce qui vient avec. C’est une ferme acéricole, familiale, qui est exploitée depuis de nombreuses années (3e génération). C’est tout sauf banal. Nos yeux, en tout cas les miens, sont tout grand ouverts. Je capote sérieusement. Ce n’est pas petit, c’est tout de même 7000 entailles sur tubulaires.

On pose des millions de questions à Gérald et à France, et je n’exagère pas sur le nombre. Ils nous font un Cabane Tour (dans le style d’un Van Tour). Et là j’embarque dans le technique.

Il y a 3 pompes à vide pour soutirer le précieux liquide. Un séparateur d’eau qui augmente la concentration en sucre de l’eau et deux réservoirs, l’eau concentrée (sucrée) dans un et le filtrat (aucun sucre, eau acide) dans l’autre.

Il y a un gros évaporateur chauffé au bois. La quantité de bois nécessaire à chauffer cet évaporateur est énorme. On a rempli le chariot à 2 reprises, et il était déjà plein. C’est très artisanal, et l’avantage est d’être plus goûteux que les évaporateurs à l’huile. Il y a des évaporateurs à bois plus efficaces, du style four à combustion lente, mais ce n’est pas le cas, éventuellement…

On nous explique tout le processus de fabrication du sirop, le système de filtration, la méthode de cuisson de la tire, les particularités requises, la fabrication du beurre d’érable jusqu’au fameux pain.

Pour moi, qui vient du domaine de l’automatisation, c’est du bonbon (jeu de mot sucré) de comprendre tout ça. J’en profite même pour jouer avec la programmation d’une boucle de contrôle pour une de ses valves.

On pose tellement de questions, qu’on a peur de le distraire et qu’il oublie certaines manipulations (presque tout est automatique, mais démarrer manuellement). 

On goûte à leurs cornets qui sont tout simplement succulents (tire dans le bas et beurre sur le dessus). On goute à la tire, on en veut encore. On est loin des cochonneries de dépanneurs. 

Et on goûte aussi à leur réduit, une recette maison, avec de l’alcool à 70%. C’est un petit breuvage extrêmement dangereux, parce que c’est très alcoolisé, c’est sucré, et c’est trop bon. Si ton cerveau ne te dicte pas le comportement à adopter, alors c’est la brosse assurée. Et si boire trop de Caribou est néfaste pour l’estomac, je n’ose pas imaginer une brosse au réduit…

On jase, on boit de la bière, mais on ne mélange pas comme dit Gabriel. On prend de la bière, et du réduit, mais jamais les deux mélangés dans un même verre. 

France et Gérald sont de vraies perles.

Lors de la journée de samedi, ils ont recueilli 1.5 baril de sirop. La quantité d’eau d’érable requise pour y arriver, est stupéfiante.

Juste pour donner une idée de la qualité des produits fabriqués par cette cabane : ils se sont classés parmi les meilleurs sur 6300 exploitations (données de 2022) : Nombre d’exploitations : 6323. Nombre d’entailles exploitées : 49,7 millions). WOW!

La fabrication des produits de l’érable n’a plus de secret pour nous. En fait, le but n’est pas de devenir producteur. Mais c’est de maintenant connaître tout le processus de fabrication, les difficultés, les tâches pour y parvenir. Ça change complètement notre vision de cette industrie et la valeur du produit que nous achetons.

Après un souper chaleureux en gang, il est temps d’aller cuver tout l’alcool ingéré (bière, réduit, bière, vin). La nuit va être bonne.

La journée du Beurre

Le lendemain, après une nuit de sommeil paisible, du moins pour moi (il paraît que je cuvais en ronflant), c’est le moment de la fabrication du beurre d’érable. Après avoir été réfrigérée toute la nuit, et réchauffée un peu le matin, la tire était prête à être “battue”. Un autre procédé manuel, mécanique, qui nous épate encore plus. On va le déguster notre beurre d’érable.

On fait des provisions de divers produits de l’érable et je ne pense qu’à la fin de semaine prochaine, où je compte bien déguster un bon nombre de choses sucrées.

France et Gérard sont tellement accueillants, qu’en cette belle journée de dimanche, en plus de nous (3 vans), il y eut plusieurs visiteurs. Ils ne sont pas souvent seuls.

Tout ce qui me venait à l’esprit, pendant notre court séjour à la cabane, c’est merci Martin, merci Martin pour ton idée de bénévolat à la cabane d’une amie. Nous n’avons pas fait grand chose pour aider, malgré tout, nous y avons été accueillis comme des rois. Mais quelle superbe fin de semaine.

La route du retour

Le stress du départ se fait sentir. Qu’est-ce qui va accrocher cette fois. On retourne par le même chemin, et au même endroit on accroche encore le marchepied. C’est garanti que j’ai de la réparation à faire à notre retour. Aucun autre bris, c’est parfait. Le plus drôle dans tout ça, c’est que je suis le seul qui ait accroché quelque chose, malgré que Martin et moi avons exactement le même marchepied. Serait-ce le poids de l’eau?

Merci pour une autre magnifique fin de semaine mes chers amis. On vous adore!

Mise à jour sur la réparation du marchepied

J’eus une très grande surprise lors du démontage du marchepied; rien de négatif, au contraire. Les supports ne sont pas aussi rigides que je m‘y attendais. On peut les déplier avec un minimum de force.

Je comprends le principe, c’est simple, c’est la force d’un tout. Individuellement, chaque support est relativement faible, mais les 3 reliés ensembles, au marchepied, deviennent un ensemble très solide. C’est parfait ainsi, le camion n’a pas été endommagé. Ça aurait été moins drôle d’endommager le camion à cause d’un marchepied.

Et voilà… vive la vie en Van!!!!!

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