Terre-Neuve, une journée à la foisTemps de lecture 33 min

Voilà plus de la moitié du voyage complétée. Comme je disais la dernière fois, le froid pèse sur le moral. On rencontre des gens qui nous disent de ne pas se baser sur l’actuelle météo pour définir le climat de Terre-Neuve. Au contraire, c’est inhabituel.

Les gens nous trouvent chanceux de pouvoir découvrir leur île en la parcourant pendant 2 mois. La majorité des gens ne l’ont jamais fait. Nous ne sommes pas si différents. Qui peut se vanter d’avoir parcouru le Québec en entier?

17 juin Damnable Trail et le Parc Terra Nova.

La nuit a été tellement calme, seul dans un grand stationnement, celui du sentier que nous allons faire. Ce matin, c’était encore très brumeux. C’est l’habitude maintenant, RDF. Quoique, il y aura de la bruine et du brouillard, mais il n’y aura pas de pluie. Parfait pour la rando, et on est bien, il fait 6.

On commence par une trail de Damnable Trail, la Salvage, mais en se limitant à la partie droite de la ville. C’est supposément une trail modérée, mais elle est très facile. Pas tant de cardio. J’imagine qu’elle offre une belle vue, on ne le saura jamais.

Nous avons débuté la randonnée dans le mauvais sens (anti-horaire), mais ça nous a fait bénéficier d’un éclaircissement au retour. On était bien content. On a pu voir un peu de paysage. C’est bien balisé, mais attention, les roches humides sont TRÈS glissantes. Il ne faut pas s’aventurer trop près des falaises, sinon tout ira aux héritiers. 

Dans ce sentier, on y retrouve un cimetière… non entretenu. Il y a des morts là dedans qui ont plus de 150 ans (pas la personne, le mort lui même). Tous les arbres poussent au travers. C’est un peu weird. 

Il ya de beaux petits observatoires (look out) où ils ont installé des cloches pour les faire sonner. C’est le fun.

Le sentier n’est pas très utilisé. On le voit par la “qualité” des racines, et la mousse sur les roches. On fait attention.

Sur la fin du parcours, il y a deux superbes maisons, entièrement rénovées. Aucun accès en auto. Ça prend un bateau. Il y a un cimetière, sur leur terre. Un  peu plus entretenu, mais tout aussi vieux. Elles appartiennent à des Ontariens. Honnêtement, je les envie. C’est tellement calme

Un petit 5km plus tard, et on est de retour au van. Là il fait encore plus chaud. On a atteint les 10 degrés.

Direction le parc Terra Nova

On fait un petit arrêt au Foodland, pour acheter ce qu’il manque. Louise voit des brocolis à 3.00 $. On saute dessus. Notre régime est plutôt pauvre en légumes. Le boondocking est interdit dans les parcs de Parc Canada. Étant donnée qu’il y a plusieurs randonnées à faire, on décide de s’y installer pour 4 nuits. Et on paye. Pas le choix, mais ça vaut la peine.

Bien installé, le signal cellulaire est parfait, plus on est proche de la buanderie, plus il y a de wifi. On n’en a pas à notre terrain, ce n’est pas grave. Petite journée calme par la suite, mis à part la réorganisation du reste du séjour afin de réserver au Parc Pippy de St-John. Tous les gens que nous rencontrons (les locaux) nous disent tous de réserver, que c’est important. C’est un camping DANS LA VILLE. On y sera, aucun trouble de stationnement pour notre séjour là bas. On verra bien ce que ça donne.

Et les brocolis? On en a mangé un à nous deux. On va s’en ressentir, c’est certain.

Demain, on attaque les sentiers…

18 juin, Coast Trail à Terra-Nova

Fait intéressant, le parc Terra Nova est le premier Parc Canada de Terre-Neuve. Il a été crée en 1957. Notre première randonnée se nomme Coast Trail. Elle fait 4.5 km dans un sens. On part directement de notre emplacement, et il se rend à l’accueil, 5km plus loin. On longe un sanctuaire d’oiseaux migrateurs.

Commentaires sur la randonnée : 

Sur la trail. nous sommes pratiquement toujours dans la fôret. On a fait plusieurs coast trail, et c’est la moins coast que nous avons vu. Mais ça n’enlève rien à sa beauté. 

Nous avons vu 3 oiseaux en tout (pluvier, geai du Canada, un goéland). Ce n’est pas très vivant.

On se rend à l’accueil, une gorgée d’eau, le restaurant est fermé, on revient au van, 10km finalement. Bonne petite marche.

Après un repas englouti, une bonne douche est nécessaire. Il fait 10, mais nous étions habillés pour 4 degrés, on a eu chaud. Le jet de la douche est tel que tel, mais combien agréable. Les toilettes sont chauffées. Ça fait du bien.

Porchaine activité, le lavage. Là, nos deux poches de linge sale sont réellement pleines.

Il est 15:00 et il fait soleil. Un moment inattendu. On va pouvoir étendre à l’extérieur et faire un BBQ. C’est déroutant cette lumière, même un lapin se promène derrière Louise, je crois qu’il est désorienté, ou aveuglé par cette lumière.

Un bon souper nous attend, avec une bonne bouteille de vin. Ce soir on fête nos 26 ans ensemble. 

19 juin, RDF à Terra-Nova

Aujourd’hui, bien, c’est ça. On a besoin de journées comme ça aussi. 

On a été faire la vidange et le remplissage. 

On a fait un 9km de route (la même que la trail d’hier, mais sur l’autoroute, en van), tout simplement pour aller au centre d’interprétation du parc, il y a un aquarium où on peut toucher.

Pis c’est fini.

Il pleut tellllllement.

20 juin, Gowiddy à Terra Nova

Je vais me répéter encore, mais le mauvais temps est lourd. Et ce mauvais temps pèse lourd pour la majorité des résidents de l’île. Mais nous avons confiance en la météo (il faut faire un X sur le calendrier), car je ne répèterai pas souvent cette phrase.

Normalement, il devrait y avoir un maximum de 13 degrés aujourd’hui. La pluie devrait cesser à 12:30 et le soleil devrait montrer son nez vers 15:30.

Pour aider les météorologues, j’ai choisi une playlist avec des titres de chanson ayant les mots Sun, Soleil ou chaleur  dans le titre : Walking on Sunshine, The Sun is Shining, Soleil Soleil, Here comes the sun, Que Calor la vida, Voilà le soleil, etc… On dansait et on chantait fort. Il n’y avait personne dans le camping, alors… 

En attendant le départ pour notre randonnée, Louise concocte un superbe potage de brocoli. Ça sent bon dans la van, mais ça sent fort. On ne veut surtout pas perdre notre chaleur. Mais on va manger de la bonne sousoupe dans les prochains jours.

Nous y croyons tellement fort, qu’immédiatement après le lunch, on quitte pour faire le sentier Goowiddy. En passant goowiddy est un arbuste qui longe le parcours forestier. Il est 12:10, ce n’est que de la bruine (le fameux D de drizzle). Il est 12:15 et ça tombe de plus belle. Pas grave, dans 15 minutes, tout va cesser.

On arrive au stationnement à 12:20. Ça commence à se calmer. 12:40, la pluie a cessé. Il faudrait réellement que les météorologues de NFL offrent des cours par correspondance à ceux du Québec. Colette, de TVA, est pardonnée, ce n’est pas une météorologue. 

On se prépare, et on va marcher. J’en reviens tout simplement pas. Pour ce qui est du sentier, c’est plus un sentier forestier, que côtier. C’est un beau 8km de forêt, où j’espère voir un orignal, mais j’en vois jamais. C’est impressionnant que dans une boucle de 8km, il y ait tant de variation dans la faune. Un sentier à faire.

Il ne reste qu’une prédiction (ou prévision, j’aime mieux le mot prédiction, ce sont des devins), celle de l’arrivée du soleil, tout comme Tintin dans le Temple du soleil. Ben j’en reviens pas, le soleil est apparu vers 15:15. La forêt était même humide par le réchauffement du soleil. Je vais vendre mon âme c’est certain.

3 heures plus tard, on revient à la van, et on en revient toujours pas.

On déplace la table de pique-nique au soleil. On se couche sur les bancs de la table de pique-nique. Louise a préparé un apéro et un bon vin rosé qu’on prendra au soleil, dès l’arrivée du Petit Trotteur, ben oui, ils viennent nous rejoindre, pour une dernière fois.

Ils arrivent, on boit, pas trop, on jase, on mange les bonnes gourmandises de Louise (pain crouté, pommes et poivre, fromage).

Et là le froid commence à s’installer. Normal, quand il fait 10, ça ne prend pas de temps pour descendre à 5.

On va dans nos vans respectives. On chauffe en masse, parce qu’il va faire 2 cette nuit. Le bonheur se vit 1 journée à la fois.

21 juin solstice à Bonavista

Nous nous sommes levés au chaud (21 dans la van). Aujourd’hui, à Terra Nova, il devait faire 23, mais on s’en va. Direction Bonavista, avec un max de 9. (C’est là que je roule les yeux vers le haut.)

il est 9:00 et c’est déjà la journée la plus chaude du voyage. En petit chandail je ramasse pour le départ, lave les vitres, etc. Il ne vente pas. C’est inhabituel. La vie est donc belle quand il fait chaud (mais il ne fait que 13).

Aurevoir Petit Trotteur!

Je vois que le maximum sera de 23. Ça ne change rien, on quitte pour notre prochaine destination. On roule, plus on avance, plus le maximum descend. Mais il fait 14, on est bien, il ne vente toujours pas.

On s’en va rejoindre Marc-André et Isabelle au Bonavista Social Club (Isabelle à reporté son vol de quelques jours). C’est super.

Bon petit lunch en agréable compagnie, on parle d’endroits où nous irons dans les prochains jours, et j’ai vraiment envie d’aller manger une frite à Keels. Ça a l’air cool. Après un au revoir, et on espère se revoir bientôt, direction de Kings Cove pour de l’essence et du lait. Mon autonomie (l’autonomie du camion, pas la mienne) n’est pas sécuritaire. On arrive à la station service “What else can I offer you, but the gas”? Pus d’essence. Le camion est trois jours en retard. Merde…

Changement de plan, où je descend 30km plus bas pour aller chercher de l’essence, où je fais 16km et je vais à la patate, où je fais 30 km et je vais à Bonavista. On va à Bonavista, pas de chance à prendre.

Bonavista, essence, Foodland, tout ce que tu veux, et même de la chaleur. On est en petit chandail. Ce sont les bibittes qui dérangent maintenant. 

Le spot est beau, nous sommes au pied de la statue de John Cabot. On est bien, il fait chaud, porte latérale ouverte, puit de lumière, le bonheur. Souper devant la mer. La vie est belle. Il fera 13 cette nuit 🙂

Petit fait cocasse, on a vu des gens du Nouveau Brunswick avec leur tuques. Il fait 10. Nous on est bien, la conclusion est simple, il a fait chaud au Nouveau Brunswick. Notre corps commence a être adapté au climat terre-neuvien!

Dernière choses avant le dodo : le vent a décidé de revenir. Ça brasse.

22 juin, Puffin and Iceberg tour

Il va faire un peu plus froid, mais c’est correct. Je vis bien avec du 10 degrés. On prend notre temps pour manger, tout ramasser. On a même le temps de faire quelques photos où nous sommes installés. Il fait soleil, mais ça va s’ennuager, les prédicateurs le prédisent.

Vers 11:00 on descend au village, pour trouver l’endroit tant attendu, le stationnement du tour de bateau que nous avons réservé. La mer est calme, ce sera merveilleux, on le sent. On mange tôt, car il faut être prêt pour 12:30. On a même le temps de faire encore de la photo.

On rencontre captain Bob, un super gentil bonhomme, qui offre des tours près des icebergs, des macareux et des baleines (en saison). Sa compagnie se nomme Discovery Sea Adventure Tours Ltd. (https://www.dsatours.com/). Il est le meilleur. Petit Zodiac, 9 passagers, l’idéal pour vraiment voir des choses inusitées.

On s’habille et on s’apprête à partir.

Tout à coup, un phénomène que nous connaissons bien, se met à nous narguer. Le F de brouillard. Non, pas vrai. Ben oui toé…. De la purée de pois. ON NE VOIT PLUS RIEN. Rendu sur l’iceberg, on le voit. Un iceberg que je voyais très bien hier, au loin, nous sommes juste à coté. Il est près de la côte. On ne voit pas la côte. On s’amuse quand même. Il navigue entre de gros rochers, falaises. Il nous amène où le dernier Peter Pan a été tourné. Tu ne peux pas voir ça avec un gros bateau d’excursion. On entre dans les grottes. On va voir les puffins, des aigles, des Guillermot, des fous de Bassan, il y a de tout. Mais il faut être près pour les voir.

On collecte de la glace pour une passagère. On retourne. Nous on s’amuse beaucoup, mais il y en a 4 qui ne trouvent pas ça drôle. Vers le retour, avec un brouillard qui semble vouloir nous quitter, le temps d’un instant, paf, Louise me crisse un coup de poing dans le ventre. Elle vient de voir un rorqual juste à côté de nous. Je l’ai vu (pas eu le choix) et le capitaine aussi. On tente de voir où il fera surface, pas revu…

On retourne au quai, tout de même super heureux de notre sortie.

Notes importantes, les baleines à bosses ne sont pas arrivées. Le caplan est au sud, il est loin de nous. Quand les baleines arrivent, elles arrivent par centaines. Il y a parfois même des orques (Killer whale). Je ne le croyais pas, et preuve à l’appui, Captn Bob me montre sur son cellulaire une photo qu’il a prise après avoir ramassé une nageoire de rorqual mordue et déchiquetée. C’est difficile voir ce moment de chasse (les orques prennent en chasse les petits des rorquals), mais c’est la nature.

On retourne à la maison (même endroit qu’hier soir). Mais pas de couché de soleil, pas de chaleur, pas de bibittes. Juste du brouillard et du froid. Mais demain 18 avec du soleil. La météo ne se trompe pas ici, mais elle a de la difficulté à prédire les bancs de brouillard.

23 juin Puffin à Elliston

Aujourd’hui on doit tuer le temps. Il fait beau et très chaud, il fait 12. En fait, je ne suis pas convaincu. Si tu es du côté de la mer, c’est froid, mais du côté des terres, c’est chaud. Nous l’avons expérimenté assez solidement ce matin, avec le sentier Cape Shore Trail. Une marche de 7km, en suant et en gelant. Enlève le manteau, remet le manteau, enlève encore et ça recommence. J’imagine que le 12 degrés, c’est sur le bord de la mer, parce qu’il fait réellement chaud. 

Nous devions avoir une journée ensoleillée. Ce l’est, mais (il y a toujours un mais), le soleil est voilé. La fumée des feux du Québec est maintenant sur Terre-Neuve. Nous n’avions pas eu ces conditions encore. Les vents persistants de l’ENE et du NE nous “épargnaient”.

Revenons à la randonnée, dans le sentier on remarque beaucoup de dalles de béton. Je crois que c’était jadis de petits ports de pêche. Lorsqu’il est possible qu’un bateau accède à la plage, entre des rochers, il y en a. Sinon, il n’y en a pas. Un résident passe par là et je lui demande. En effet, j’avais raison. Mais à très faible échelle. Parce que la vérité est que partout, du centre de Bonavista, jusqu’à son phare, il y avait de ports et aussi des maisons. C’était les “chalets” d’été des pêcheurs. C’était trop long faire le trajet chaque jour, alors ils avaient leurs maisons d’été, leurs quais, leurs installations. Avec l’arrivée des autos, et de moteurs sur les bateaux, tout a disparu.

Après notre marche direction Elliston. On doit tuer du temps jusqu’à 19:30. On va au musée John C. Crosbie Sealers Interpretation Centre. C’est un musée qui raconte l’histoire des chasseurs de phoques. C’était toute une tâche. J’aurais bien vu Brigitte Bardot faire ça. L’huile de phoque était très utilisée, que ce soit pour éclairer, ou pour lubrifier. Tout était utilisé. C’était très rude, les chasseurs devaient marcher et courir des milles sur les glaces pour trouver les phoques. Le salaire d’un seul mois de ces chasseurs équivalaient le salaire d’un an d’un pêcheur. Il y en avait beaucoup. Beaucoup de pertes aussi. La chasse continue, mais elle a bien changé. Je ne sais plus pourquoi, mis à part les inuits, on chasse le phoque. 

Dernier arrêt, le Puffin site. On doit y être pour 19:30, mais on y va avant aussi. Ils sont beaux ces oiseaux. Le vol est vraiment spécial. On observe longuement et on les trouve rigolo. Leur démarche est comique et ils sont trop adorables. Leurs nids sont des terriers. Ceux-ci peuvent mesurer jusqu’à deux mètres de long.

Je mitraille avec la caméra, pour en avoir de belles. On se croise les doigts.

On repart vers 19:30, sans avoir manger. Ce sont les macareux qui comptent. On se rend au même endroit que cet après-midi. Les gens sont respectueux, personne ne va sur le bord de la falaise, tous les gens sont reculés. On attend que les oiseaux viennent près de nous. Pourquoi tout le monde le fait, SAUF les Chinois? Je ne cherche pas de réponse, je généralise. Et là, désolé, mais c’est ça. Si vous n’êtes pas d’accord, vous ne l’êtes pas.

Finalement, nous aurons eu la chance d’avoir UN seul oiseau qui est venu se poser de ce côté de la falaise. Un photographe a dû avertir un Chinois de se ternir loin et bas, soit au niveau du sol. Finalement, ce même chinois a fait peur à l’oiseau, il est parti. Plus rien par la suite, nous avons aussi quitté…

Voilà la cinquième semaine de terminée

Quand on regarde ce qui nous reste, on doit faire des choix déchirants. On a réservé au parc Pippy, à St-John, du 6 au 9 juillet, c’est tant mieux, car c’est le festival Folk NFL. Une chance, car nous aurions sûrement eu de petits problèmes d’hébergement.

Cette dernière semaine a été éprouvante côté météo. Je ne veux pas répéter que le froid nous pèse, mais il faut comprendre, qu’à titre de vanlifer, le but est d’avoir l’essentiel dans un véhicule de 20 pieds, et de vivre dehors. Espérant que la chaleur nous aidera à passer les trois prochaines et dernières semaines. Et que tuques et manteaux chauds pourront être rangés!

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